Âgé de 82 ans, le Docteur Jean-Claude Marian continue de mener le Groupe ORPEA d’une main de maître, une société anonyme de dépendance avec une capitalisation boursière de plus de 1,8 milliard d’euros. Il a accepté de répondre à quelques questions de l’émission « Le Revenu » sur la croissance fulgurante de son empire au cours de ces dernières années.

Jean Claude Marian - Président Orpea et neuropsychiatre

Quelques mots sur le groupe ORPEA

En quoi consiste le métier du Groupe ORPEA ?

Le Groupe ORPEA a été créé en 1989 par Jean-Claude Marian, un médecin psychiatre reconnu. Il a pour mission de prendre en charge le Grand Âge à travers la création et la gestion de maisons de retraite. Au fil des années, il est devenu le leader du secteur à l’échelle nationale. A ce jour, il compte plus de 440 établissements répartis dans les quatre coins de la France.

Le groupe propose une offre complète, que ce soit en matière d’accueil, de services ou de soins. Cela lui permet d’accompagner au mieux les seniors face à la perte d’autonomie, tant physique que psychique, permanente ou temporaire.

La société ORPEA dispose non seulement de résidences avec services et de maisons de retraite médicalisées, mais aussi de cliniques de soins de suite et de réadaptation, de cliniques psychiatriques ainsi que de services d’aide à domicile. 

Après s’être développée partout dans l’Hexagone, la compagnie s’est épanouie au niveau international. Elle est désormais présente dans 23 pays dans le monde (Belgique, Allemagne, Ibérica, Italie, Autriche, Pologne, Suisse, République Tchèque, Chine, etc.).

Quelles sont les valeurs qui animent le groupe ?

L’acronyme ORPEA renferme les valeurs véhiculées par le groupe :

  • O comme Ouverture ;
  • R comme Respect ;
  • P comme présence ;
  • E comme Écoute ;
  • A comme Accueil.

En d’autres termes, ORPEA met un point d’honneur sur le respect du rythme de vie de ses résidents. Ceux-ci profitent de soins personnalisés qu’ils établissent avec leurs familles. D’ailleurs, la compagnie souhaite établir une relation de confiance avec chaque individu pris en charge. Elle privilégie la dimension humaine dans l’élaboration de toutes ses offres. Elle place également l’éthique et les responsabilités sociétales au cœur de ses activités.

Le groupe ORPEA est-il engagé face à la protection de l’environnement ?

En plus de son engagement vers l’éthique et la société, le groupe ORPEA accorde une importance de taille à son empreinte écologique. En ce sens, il dispose d’EHPAD à la fois économes et répondant aux normes environnementales. Ainsi, il offre la garantie de conditions de vie saines et un cadre paisible aux résidents, au personnel ainsi qu’aux patients.

ORPEA - groupe gestionnaire et spécialiste en ehpad

D’où vient la croissance d’ORPEA ?

Ces dernières années, ORPEA a connu une croissance impressionnante. On a pu observer un doublement des ventes en seulement 4 ans. La compagnie enregistre une croissance supérieure à 14 % au cours du premier trimestre, et ce, malgré la conjoncture difficile sur le territoire européen. En France par exemple, le gouvernement ne délivre plus d’autorisation pour la construction d’établissements. Comment la société ORPEA fait-elle pour se développer face aux facteurs de blocage ? D’où vient ce succès ? Quelles sont les perspectives d’avenir du groupe ?

Le Docteur Jean-Claude Marian affirme que le succès des activités du groupe repose principalement sur la construction de nouveaux parcs de lits. En effet, la société prévoit de mettre en place plus de 8 000 lits. Ce projet est le fruit du travail acharné de l’équipe de recherche et développement. Le président-fondateur de la compagnie annonce que ces 8 000 lits seraient opérationnels au bout des 3 années à venir. La mise en place du projet se fera de manière progressive. Pendant la première année, plus de 2 000 lits seront mis en place en France, en Italie, en Espagne, en Belgique et en Suisse. Cela permettra de créer environ 1 200 emplois. Il appuie sur le fait que la société a la chance d’être sur un secteur particulièrement porteur, ce qui permet de créer facilement de l’emploi pour la population locale.

En plus de poursuivre les demandes d’autorisation dans divers pays de l’Europe, la société continue de faire des acquisitions parfaitement ciblées dans divers États. Bien évidemment, elle impose des exigences particulières, en rapport avec ses valeurs et ses objectifs de développement. Le Docteur Jean-Claude Marian a définit en globalité les différents critères sur lesquels la compagnie s’appuie pour sélectionner ses futures acquisitions :

  • La société cible des établissements anciens qui seront par la suite transformés et reconstruits à l’image du groupe ;
  • La compagnie peut également s’intéresser à des établissements existants qui sont choisis pour poursuivre le plan de développement établi.

Le spécialiste appuie aussi sur le fait que le groupe a la chance de surfer sur de nombreuses opportunités. Ces dernières années, on observe une véritable explosion de la demande en matière de prise en charge des personnes âgées. Cela permet à la société de profiter d’une croissance considérable sur les deux prochaines décennies. En effet, le Docteur Jean-Claude Marian estime que la société répond efficacement à un besoin que l’on ne peut pas décaler. Cela explique pourquoi le groupe a pu continuer à se développer de manière active pendant la période où de nombreux secteurs de l’économie ont été en grande difficulté.

Orpea - acteur français fondé par Jean Claude Marian, et qui gère des établissements et services médico-sociaux

Pourquoi la société a-t-elle choisi d’explorer de nouveaux horizons en Chine ?

Jusqu’à ce jour, le groupe ORPEA a réalisé la majorité de ses acquisitions sur le territoire européen. Récemment, le président-fondateur a fait allusion à un projet de développement dans le continent asiatique, particulièrement en Chine. L’Europe n’offre-t-il pas assez d’opportunités de croissance pour que la compagnie puisse s’y épanouir pleinement pendant les prochaines années ?

Le Docteur Jean-Claude Marian souhaite éclairer un point important : si la compagnie souhaite se développer en Chine, ce n’est pas que l’Europe est un secteur complètement fermé. Au contraire, le territoire européen regroupe encore des besoins importants auxquels la société pourrait répondre. Dans de nombreux pays européen, on observe que le taux de personnes âgées recensé dans les pays européens ne cesse de croître, ce qui représente une véritable opportunité de développement pour la compagnie ORPEA. Celle-ci continuera ainsi à se développer en Europe et exploite même de nouveaux pays européens au cours des prochaines années.

En revanche, le président-fondateur du groupe estime qu’il est nécessairement fondamental de s’insérer sur le marché chinois. En tant que leader du marché européen, la compagnie aurait un savoir-faire prouvé ainsi qu’une excellente capacité de gestion, de formation et de contrôle qualité. En d’autres termes, le Docteur Jean-Claude Marian affirme que le groupe dispose de toutes les ressources techniques nécessaires pour proposer des activités de service.

Face à ce potentiel, la Chine se présente comme une véritable terre d’opportunité, avec un besoin considérable et une demande élevée.

  • Le pays se caractérise par un vieillissement à la fois rapide et important. Par rapport aux autres continents, la Chine aurait une population beaucoup plus vieillissante, ce qui explique le taux élevé de seniors. Elle compterait plus de 150 millions de personnes âgées de plus de 80 ans. Face à ce chiffre important
  • Le pays ne dispose pas de structures de dépendance suffisantes pour répondre efficacement à la demande ;
  • Les sociétés étrangères sont très bien accueillies sur le territoire chinois. Bien que le pays soit assez restrictif dans certains domaines, il est ouvert à toutes les propositions d’investissement en matière de dépendance et de prise en charge des personnes âgées ;
  • Si les géants de l’industrie de fabrication étrangers sont réticents face à l’implantation sur le territoire chinois, c’est en grande partie à cause du risque de copie particulièrement élevé. Par contre, le groupe ORPEA souhaite amener un savoir-faire, ce qui est un excellent chemin de développement pour les entreprises étrangères. Le Docteur Jean-Claude Marian a pris l’exemple des chaînes hôtelières implantées en Chine qui appartiennent majoritairement aux étrangers. Selon lui, il est plus complexe de copier une procédure ou une chaîne d’activité de services.

Le président-fondateur de la compagnie appuie sur le fait que ce projet sera entièrement imaginé pour s’adapter au mieux à la culture chinoise. L’implantation du groupe en Chine permettra également au groupe d’élargir ses domaines de compétences. En effet, le projet tiendra en compte de nouveaux éléments tels que la médecine chinoise et la variété culturelle des différentes régions.

Le Docteur Jean-Claude Marian annonce que l’implantation en Chine ne sera pas marquée par un investissement immobilier. Selon lui, la compagnie se consacre beaucoup plus aux équipements et à la formation. Il affirme également que la société créera de la valeur à travers la création d’autorisations nouvelles au lieu de transformer des établissements existants.

Le projet de développement en Chine sera sous le signe de la prudence, selon les dires du Docteur Jean-Claude Marian pendant l’interview. En effet, les investissements financiers seront strictement limités à la formation, à l’acquisition d’équipements et au contrôle qualité. Depuis l’annonce du projet, de nombreux investisseurs chinois et internationaux ont proposé de financer les immeubles.

L’équipe de recherche et développement du groupe ORPEA est présente en Chine depuis plus d’un an pour faire une reconnaissance des lieux. Elle établit des contacts sur place, se renseigne sur les réglementations en vigueur, analyse le secteur et prend contact avec les autorités de tutelle afin de faciliter l’implantation du groupe. Le président-fondateur de la société reconnaît que le développement de ce projet sera assez lent et prudent pour obtenir des résultats fructueux sur le long terme.

Orpea souhaite se développer en Chine

Comment se présente la situation financière du groupe ORPEA ?

A ce jour, la dette nette d’ORPEA s’élève à 1,8 milliards d’euros, dont plus de 80 % de dette immobilière. Le groupe est propriétaire de la moitié des bâtiments qu’il exploite, ce qui est une stratégie originale comparée à celle de la concurrence. Pourquoi la compagnie a-t-elle choisi cette politique ? Pense-t-elle changer de stratégie au cours des prochaines années en vendant des immeubles ?

Le Docteur Jean-Claude Marian affirme que la compagnie vend régulièrement des immeubles, à hauteur de 50 %. L’année dernière, la société aurait vendu plus de 300 millions d’euros dans la vente immobilière. Le président-fondateur appuie sur le fait que les immeubles du groupe se vendent assez facilement, puisque les investisseurs portent un intérêt particulier pour ce type de bien. Les immeubles sont ainsi cédés dans d’excellentes conditions de loyer.

Par ailleurs, la politique de garder une partie des immeubles fait partie de l’identité d’ORPEA. La compagnie serait propriétaire de plus de 800 000 m² d’immeubles. Ceux-ci ont été construits au cours des 10 ou 15 dernières années en moyenne. Bien évidemment, certains sont beaucoup plus récents. Dans tous les cas, les immeubles du groupe répondent parfaitement aux critères de qualité requis pour la prise en charge de la Grande dépendance.

L’équipe pense que cette politique permet de créer de la valeur pour la compagnie. En effet, les locataires paient un loyer croissant pendant les 15 prochaines années. Le groupe est propriétaire à travers des prêts à long terme ou encore des crédits-baux immobiliers. Le remboursement des annuités pendant les 15 années de financement constitue en quelque sorte un remboursement de capital, ce qui est une véritable création de valeur. D’ailleurs, une grande partie de la valeur de la société repose sur la capitalisation de 1,8 milliard d’euros énoncé plus haut.

Comment l’évolution du dividende va-t-elle se passer ?

Selon les chiffres reçus, le dividende de la société aurait augmenté de 20 % cette année. Comment le résultat net va-t-il évoluer pendant les années à venir ? La réponse du Docteur Jean-Claude Marian a été courte et claire. Selon lui, les actionnaires de la compagnie auraient constaté que la plus grande partie des ressources a été consacrée au développement, et ce, pendant les 20 dernières années. Depuis 5 ans, la société a commencé la distribution des dividendes. Cette année, elle prévoit une augmentation de 20 % par rapport à l’année précédente, soit une hausse de 60 centimes. La somme totale représenterait un tiers du résultat net. Cette politique va continuer au cours de la prochaine décennie. De plus, le président-fondateur reste confiant sur l’augmentation du chiffre d’affaires, ce qui implique la hausse des dividendes attribués aux actionnaires.

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