Interview de José Fernandez, directeur de l’offre à l’UFF

Présentateur : A présent on parle assurance vie avec José Fernandez, bonjour.

José Fernandez : Bonjour Cédric.

Présentateur : Merci de nous avoir rejoints. Vous êtes le directeur de l’offre financière à l’UFF. Il y a beaucoup de questions autour de l’assurance vie et notamment beaucoup de questions autour des fonds en euros. Jusqu’à présent c’était presque le graal de l’épargne française, et puis avec l’amenuisement des rendements on se met à chercher d’autres débouchés pour notre épargne dans ce contrat de l’assurance vie. Des alternatives finalement ?

A propos des fonds en euro

José Fernandez : Absolument. Alors ça y est l’ensemble des taux de rendement du fonds en euros étaient annoncés par les assureurs, c’est un peu ce qui donne le « la » du marché chaque année, on attend les résultats. Pas de grande surprise, en moyenne 2,50%, donc on voit bien qu’encore une fois année après année le taux se tasse un peu. Ce qui sauve un peu cette année, c’est le taux d’inflation qui permet donc d’avoir un taux réel qui se maintient. Mais enfin on voit bien que tout cela ne durera pas très longtemps, d’autant plus que les assureurs ont une très bonne année en termes d’investissements : 80% des investissements se font sur le fonds en euros, et puis vous en parlez ici tous les jours, ça s’est fait avec des taux sur des obligations d’état aux alentours de 0,6 / 0,5, donc on voit bien que dans les années qui viennent tout ça va ne faire que baisser, et donc il va falloir trouver des solutions alternatives pour essayer de doper un peu son rendement et ses contrats.

Présentateur : Sur ce fameux fonds en euros, il y en a déjà qui se sont relevés les mains  j’ai envie de dire, et qui font des petites opérations commerciales : il y a des bonus, il y a des petits plus qui sont données en fonction de critères un peu subjectif admettons-le. Ça booste déjà un peu le rendement ça ?

José Fernandez : Oui oui, on a cherché un tout petit peu à doper le rendement. Alors il y a des opérations bonus qui sont intéressantes. Ils proposent aux souscripteurs s’ils investissent une partie de leurs versements sur des unités de compte, donc des supports boursiers appelons-les, de pouvoir booster un peu entre 0,30 et 0,70 le fonds en euros. Donc ça peut faire effectivement une sacrée différence puisque vous rajoutez 70 centimes à votre fonds en euros, c’est quand même une très belle opération, pour peu que vous souhaitez quand même prendre un peu de risques sur le reste. Et puis il y a des nouveaux fonds en euros qui ont commencé à émerger, alors tout ça est un peu… C’est vrai que les fonds en euros sont essentiellement des obligations d’état ou des obligations tout court. Certains ont été faire des fonds immobiliers et des fonds avec un peu plus d’actions opportunistes, à gestion active. Alors il y a des résultats qui sont très intéressants, mais attention, c’est beaucoup de « yoyo » : parce que comme on y met une part de risque, une part d’actions, ou une part d’autres actifs un peu risqués, et bien vous pouvez, certaines années, être à peine au-dessus de 1, et dans les meilleures années peut-être avoir trois et demi ou quatre. Donc méfiance tout de même sur ces nouveaux fonds en euros.

L’euro croissance dans les contrats d’assurance vie

Présentateur : Dans ces nouveautés vous ne me dites pas un mot du fameux « euro croissance », ce mot qui normalement devrait tous nous mettre en état de délire absolu, non ?

José Fernandez : Alors en fait non, l’euro croissance c’est un peu le prolongement de ce qu’on vient de faire. Le principe est bon, effectivement, on se dit je vais troquer une garantie totale et à chaque instant sur le fonds en euros, mais un rendement qui baisse contre une garantie au terme de huit ans, de dix ans, pour potentiellement un rendement plus intéressant.

Présentateur : C’est pas mal ça non ?

José Fernandez : Dit comme ça c’est plutôt pas mal, si ce n’est qu’en termes de timing, en tout cas aujourd’hui, on n’y trouve pas son compte. On a des obligations qui sont au plus bas, les actions qui sont pas forcément au plus bas, donc on se dit que dans huit ans tout ça ne va pas nécessairement donner un rendement excellent, alors que le capital lui sera aliéné pendant huit à dix ans donc.

Les alternatives aux assurances vie en euro

Présentateur : Donc, il faut se faire une raison, le fonds en euros c’est entre guillemets derrière nous et il faut trouver des alternatives c’est ça ?

José Fernandez : Absolument, il faut trouver des alternatives et il y en a beaucoup.

Présentateur : Ça peut être quoi justement ces alternatives ?

José Fernandez : Alors dans un contrat d’assurance vie, il y a plein de choses : ça va de la SICAV monétaire au fonds actions. Il faut bien regarder ce qu’on a dans son contrat, il y a beaucoup beaucoup de fonds, il faut se faire aider par un conseiller. D’abord parce qu’on a besoin d’identifier quel est, ce qu’on appelle « son aversion au risque », quel niveau de risque on est prêt à prendre pour quel rendement. Et puis surtout quel est son horizon de placement et puis quel est l’état des marchés, parce qu’on ne va pas investir la même chose au même moment. Et surtout avoir une gestion active, c’est-à-dire ne pas rester les deux pieds dans le même sabot pendant huit ans.

Présentateur : Premier support par exemple…

José Fernandez : Alors les SICAV monétaires. Effectivement ça permet de sécuriser mais normalement ça rapporte moins que rien, puisque si vous enlevez les frais du contrat je pense que certains épargnants sont négatifs, donc c’est quand même très grave.

Présentateur : C’est une alternative sans en être une.

José Fernandez : Sans en être une. Alors les fonds obligataires. Bon attention les fonds obligataires classique vous en avez déjà des obligations dans votre fonds en euros, donc si vous voulez un tout petit peu diversifiée il vaut mieux aller vers des obligations qu’on appelle à haut rendement, donc avec un petit peu plus de risques, mais il peut y avoir des choses intéressantes à 5, 6 ou 7% en moyenne, donc ça peut être intéressant. Vous avez aussi les produits structurés, les fonds à formule, les produits garantis. Alors là, même chose, il faut bien regarder, si vous avez une garantie totale, la performance ne peut pas être bonne, il n’y a pas de miracle. Par contre vous avez un bon compromis parfois entre une limite à la baisse et une limite à la hausse, donc qui peut vous donner un couple rendement/risque et qui est plutôt intéressant. Et puis ensuite vous avez tous les autres fonds de la panoplie hein, de l’univers. Alors il y a des supports immobiliers qui ont bien fonctionné ces dernières années, qui sont très intéressants, souvent avec de l’immobilier physique et donc des loyers derrière donc ils vont donner un rendement qui est plutôt stable qui vous donne un peu de perspective, donc ça c’est assez intéressant pour pouvoir diversifier. Et puis si vraiment vous voulez doper votre contrat, à ce moment-là vous avez toute la panoplie des fonds actions. Attention à ce qu’on appelle les fonds profilés qui sont un peu des fonds packagés.

Présentateur : Alors pourquoi faut-il être attentif ?

José Fernandez : C’est assez simple, c’est en fonction de votre profil (prudent, équilibré, dynamique), vous allez avoir une répartition entre obligations et actions qui est figée. Donc 20 % d’obligations et 80 % d’actions, pardon 80% d’obligations et 20% d’actions pour un fonds profilés prudent,

Présentateur : C’est-à-dire qu’en fait au moment où on clique, enfin où on démarre son contrat…

José Fernandez :C’est 80/2, et il est figé.

Présentateur : Ah d’accord.

Des fonds “flexibles” plus intéressants

José Fernandez : Le problème c’est que ça n’a pas donné de très bons résultats par le passé, donc ces fonds profilés ont été remplacés par des fonds qu’on appelle « flexibles », qui sont un peu plus intéressant, qui sont plutôt adaptés à un profil d’épargnant, et qui eux permettent de replier la voilure ou de…

Présentateur : De s’adapter mieux aux conditions du marché…

José Fernandez : Et de manière plus réactive et qui ont eu des résultats un petit peu plus intéressants. Et puis au bout du bout, si vous voulez vraiment prendre du risque et doper votre contrat sur le très long terme, eh bien vous avez les fonds actions. Là, il faut être assez diversifié d’un point de vue international pour pouvoir ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier et obtenir un rendement intéressant.

Présentateur : En filigrane de tout ce que vous nous dites José, il y a aussi la question de la gestion, c’est-à-dire on est pieds et poings liés avec un contrat qu’on signe, ou alors au contraire on essaye de reprendre un peu de liberté pour le faire soi-même, c’est ça ? C’est aussi dans la gestion qu’on peut trouver du rendement ?

José Fernandez : Voilà. Alors vous avez soit ce qu’on appelle la gestion libre : vous définissez avec votre conseiller, ou même tout seul si vous êtes un expert, la répartition de vos capitaux et puis vous là vous la faites évoluer au fur et à mesure. Pour ça il faut avoir du temps, de la connaissance et de la compétence sur le sujet. Vous avez également ce qu’on appelle la gestion pilotée, c’est-à-dire que c’est l’assureur qui va prendre en charge une répartition mais qui pour le coup est la même pour l’ensemble des souscripteurs en fonction de leur profil d’épargnant et qui va procéder à des arbitrages de manière régulière pour faire en sorte que tout ça soit bien géré. Et puis au bout du bout si vous avez de l’argent à  placer, vous pouvez avoir de la gestion sous mandat sur mesure, c’est à dire que vous avez un gérant de portefeuille,  et qui va construire un portefeuille qui vous correspond totalement et qui va le gérer de manière complètement déléguée

Présentateur : Et ça y compris dans le cadre de l’assurance vie ?

José Fernandez : Absolument.

Présentateur : Eh bien voilà ce qu’on pouvait se dire. L’idée c’est d’être le plus à l’écoute possible aussi de son portefeuille et de sa gestion.

José Fernandez : Absolument, il faut être proche de sa gestion.

Présentateur : José Fernandez le directeur de l’offre financière de l’UFF, merci beaucoup et à très bientôt sur l’antenne de BFM Business.

José Fernandez : Merci !

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