La Fondation Mallet est reconnue d’utilité publique pour son travail auprès des personnes en situation d’handicap. Nous avons souhaité en savoir plus. Elle a gracieusement accepter de nous donner un peu de son temps pour répondre à nos questions.

1. La Fondation Mallet existe depuis 1947 avec une fondatrice inspirante et charismatique. Pouvez-vous nous raconter en quelques mots l’histoire de la création de la Fondation ?

Jacqueline Mallet était une femme à l’avant-garde de son époque, déterminée et pugnace. Elle est aujourd’hui encore une figure inspirante pour ceux qui portent aujourd’hui les valeurs et l’action de la fondation. Après être entrée en résistance pendant la Seconde Guerre Mondiale – elle fit s’échapper plusieurs centaines de prisonniers français -, elle décida de se consacrer entièrement aux enfants mutilés de guerre.

Elle créa sa fondation en 1947 et ouvrit plusieurs centres en région parisienne. L’évolution des politiques en faveur du handicap, entre 1945 et 1975, l’a amenée à envisager les activités de la fondation sous un nouvel angle en 1976 Elle acquiert le domaine de Richebourg pour y construire des établissements modernes. Mais également parfaitement adaptés aux nouvelles exigences du handicap moteur. Aujourd’hui, sur ce site, ce sont trois établissements spécialisés qui accueillent des publics différents, en fonction de leurs besoins.

 

Jacqueline Mallet

2. Vous accueillez des profils variés, des plus jeunes au moins jeunes… Pouvez-vous nous dire à qui s’adresse la Fondation Mallet ?

La Fondation Mallet est aujourd’hui en capacité d’accueillir, sur le même site, des personnes porteuses d’un handicap moteur, à tous les âges de la vie.

  • La micro-crèche “Les Petits Pas”. Créée pour les enfants des salariés et des habitants du territoire, elle est habilitée à recevoir des tout-petits en situation de handicap. Notamment grâce à la présence d’équipes de soins transversales de la fondation.
  • L’Institut d’éducation motrice. Il accueille des jeunes de 8 à 20 ans en internat de semaine. Il leur permet de suivre leur parcours de formation et de recevoir les soins adaptés à leur handicap. Le SESSAD permet en plus d’accompagner des jeunes à domicile ou en milieu scolaire.
  • Le Foyer d’Accueil Médicalisé est le lieu de vie d’adultes lourdement handicapés, de tous âges, dont l’autonomie ne leur permet pas de vivre à domicile.
  • Le Pôle de Médecine Physique et de Réadaptation est un centre de rééducation fonctionnelle. Il est spécialisé en neurologie et appareil locomoteur. Il accueille en hospitalisation complète ou de jour, des adultes avec des besoins spécifiques en rééducation et en réadaptation lors de la survenue du handicap.

3. La plupart des établissements, publics comme privés, se plaignent d’un manque de personnel. Il semblerait au contraire que vos équipes soient relativement étoffées et multidisciplinaires. Pouvez-vous nous parler des personnes travaillant au sein de la Fondation Mallet et de leurs qualifications ?

D’une manière générale, le secteur est en tension car avec le vieillissement de la population, les métiers d’aide à la personne sont de plus en plus demandés. Nous apportons une attention particulière aux avantages que nos salariés peuvent trouver à travailler dans nos établissements.

C’est un travail en constante évolution pour s’adapter aux exigences de ces métiers difficiles. La formation continue fait partie des avantages proposées aux salariés. La Fondation Mallet est effectivement très active sur cette thématique pour permettre aux professionnels de se sentir bien dans leur métier. Mais aussi pour évoluer, quand cela est possible, dans leurs fonctions. Le secteur est en pleine mutation et nous devons donner les moyens à nos salariés de bien vivre cette transition.

4. Vous possédez 3 établissements distincts, pouvez-vous nous les décrire et nous expliquer leurs spécificités ?

Bien sûr, ces 3 établissements fonctionnent de la manière suivante :

L’institut d’éducation motrice (IEM)

Cela représente la mission d’origine de la Fondation Mallet : permettre à des jeunes en situation de handicap, de s’insérer dans la vie sociale et professionnelle. L’accompagnement du handicap a connu une forte évolution. Il faut adapter en permanence notre façon d’accompagner les jeunes. Et cela tout en gardant le même cap. A savoir lui donner les moyens de mettre en œuvre son projet professionnel et de vie.

Pour cela, nos équipes pluridisciplinaires se mobilisent autour de cet objectif : rééducative, éducative, médicale et paramédicale, sociale, pédagogique et sportive. Elles coordonnent leur action pour permettre à chaque jeune la mise en œuvre de son projet tout au long de son parcours, – en moyenne de 4 ans – , dans notre établissement.

Les jeunes accueillis sont hébergés en internat du lundi au vendredi. Ils sont répartis sur trois secteurs en fonction de leur âge. Le troisième secteur représente une phase de transition vers le monde adulte et l’autonomie grâce à un hébergement dans des pavillons où les jeunes font l’expérience du quotidien “en dehors” d’un milieu institutionnalisé.

Le Pôle de Médecine Physique et de Réadaptation (PMPR)

C’est un SSR (Soins de Suite et de Réadaptation) spécialisé dans l’appareil locomoteur et les affections neurologiques. Il accueille des patients adultes en hospitalisation complète (50 lits) et en hôpital de jour (20 places).

Dans des bâtiments neufs, achevés en 2013, les équipes pluridisciplinaires – médicales, de rééducation et de réadaptation – accueillent les patients pour leur proposer un parcours de soin qui leur permettra de recouvrer un maximum d’autonomie afin de pouvoir se réinsérer dans la vie ordinaire.

A l’étage, les services soignants gèrent les soins auprès des patients dans les chambres de l’hospitalisation complète.

Au rez-de-chaussée, kinésithérapie, ergothérapie, psychomotricité, orthophonie, rééducation par le sport, sont quelques-unes des disciplines qui sont mises en œuvre au service du patient. Trois plateaux techniques de kinésithérapies, dont la balnéothérapie, deux espaces d’ergothérapie, une salle de rééducation physique font partie des infrastructures de pointe pour mettre en œuvre les soins.

Un service d’animation permet tous les après-midi aux patients de se retrouver pour se divertir, créer, sortir du cadre des soins pour un moment convivial. Cet espace et ce moment font partie intégrale de la réadaptation sociale des patients.

Les promenades dans le parc sont également un atout pour les patients qui peuvent à loisir profiter du cadre arboré et calme pour se ressourcer.

Le Foyer d’Accueil Médicalisé (FAM)

Il s’agit d’un foyer d’hébergement pour des adultes dont le handicap et la capacité d’autonomie ne permettent pas de vivre à domicile. Il accueille 95 résidents au total, en hébergement permanent, temporaire ou d’urgence, et en accueil de jour.

Les adultes accueillis au FAM sont chez eux. Le foyer est leur lieu de vie et considéré comme tel par tous les professionnels qui interviennent au quotidien pour les accompagner.

L’établissement, d’une grande capacité d’accueil, est organisé en petites unités de 12 à 14 résidents pour préserver un fonctionnement « à taille humaine ». Des équipes dites « de proximité » interviennent 24h/24 et chaque jour de l’année pour les accompagner dans l’accomplissement des gestes de la vie courante.

Une équipe éducative coordonne les professionnels de proximité ainsi que les activités de loisirs proposées aux résidents. L’équipe d’animation de la Fondation intervient également en renfort de proposition et d’intervenants.

Le FAM est également doté d’une équipe de rééducation et d’un éducateur sportif pour apporter aux résidents des soins de confort et des activités physiques adaptées. Les psychomotriciennes de l’établissement disposent d’une salle Snoezelen pour organiser des séances de relaxation sensorielle.

Le bâtiment principal, construit en 2009 aux normes HQE, offre un environnement et une ergonomie totalement adapté aux spécificités des résidents. De beaux patios équipés de terrasse en bois ponctuent les espaces de vie pour profiter du soleil et sont équipés de jardinières adaptées.

5. Pourriez-vous nous parler de cette belle initiative qu’est La Crèche Des Petits Pas ?

La micro-crèche est née de la volonté d’améliorer la qualité de vie au travail des salariés de la Fondation Mallet à Richebourg et de la rendre plus attractive pour ses salariés. Elle répondait à un véritable besoin de service de garde pour les parents, et constituait un confort non négligeable pour les personnes travaillant sur site.

Elle est située dans un ancien pavillon, dans le parc de la fondation et à ce titre, jouit d’un environnement exceptionnel pour les enfants. Un grand jardin l’agrémente et les promenades dans le parc sont quotidiennes.

Par ailleurs, les professionnels de la petite enfance qui travaillent quotidiennement auprès des enfants peuvent compter sur les infrastructures de la fondation, adaptées aux touts-petits : salle Snoezelen pour la découverte sensorielle et la détente; la balnéothérapie pour des séances hebdomadaires de bébé-nageurs.

La proximité des équipes médicales et soignantes de la fondation est un plus, notamment lors de l’accueil d’enfants à besoins spécifiques. La crèche bénéficie de la mutualisation des moyens de la fondation.

La crèche accueille 10 enfants de 0 à 3 ans du lundi au vendredi, de 7h30 à 18h30. Elle dédie deux berceaux à l’accueil de jeunes enfants porteurs de handicap. La proximité des services de la Fondation comme pôle ressource, nous donne une sensibilité particulière à « l’accueil du jeune enfant porteur de handicap en milieu ordinaire ». Nous souhaitons répondre au besoin de socialisation de ces enfants, dans le respect des besoins de chacun.

Quel est le fonctionnement de cette crèche ?

L’équipe se compose de trois personnes à temps plein, diplômées en petite enfance. Les journées s’organisent au rythme des enfants et le personnel accompagne parents et enfants pour que ce lieu de vie réponde aux besoins de chacun.

Les locaux d’environ 100 m² se composent d’une grande salle d’accueil lumineuse, d’une salle de change, de deux dortoirs.

À l’extérieur, une terrasse et un grand jardin permettent de prendre l’air dès que possible.

Parcours de motricité, découvertes sensorielles, atelier cuisine, peinture, collage, coloriage, gommettes, jeux sur table, coin dînette, la ferme et ses animaux, les temps de lecture et de comptines, les jeux d’extérieur…

Si les activités sont nombreuses et variées, les temps de jeux libres contribuent aussi au bien-être et à l’épanouissement des enfants.

Les échanges entre enfants sont riches d’apprentissages. Les règles du bien vivre ensemble s’expérimentent au quotidien !

6. Entre la poursuite d’études au collège et au lycée et la construction d’un projet professionnel, il semblerait que l’insertion dans la vie active soit au coeur des activités de la Fondation Mallet. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?

A l’IEM, avant de parler de projet professionnel, on parle de projet individuel d’accompagnement. Tous les jeunes que nous accueillons à l’IEM ne se dirigent pas obligatoirement vers une orientation professionnelle. Elle n’est pas exclusive. Parfois, c’est le projet d’inclusion sociale de l’enfant qui prime.

Lorsqu’il le peut, le jeune résident de l’IEM poursuit ses études au collège et au lycée en proximité de la fondation. Le soir, il rentre à l’internat de l’IEM où il est suivi sur le plan paramédical, éducatif et/ou psychologique en fonction de ses besoins. L’IEM est là pour soutenir son parcours et accompagner le jeune dans ses besoins spécifiques.

Ensuite, nous avons au sein de l’IEM des sections d’initiation et de première formation professionnelle (SIPFP) et de préparation à la vie sociale (SPVS). Ces sections s’adressent aux jeunes ne suivant plus une scolarité classique. Mais également aux jeunes souhaitant se préparer à intégrer le milieu du travail protégé. Des moniteurs-éducateurs sont là pour les préparer à cela. Des ateliers manuels les préparent à leur activité future : traitement des textiles/ blanchisserie, gestion de prestations de service grâce à une conciergerie interne, horticulture de serre et production de fleurs et de plants potagers, restauration…

7. Entre les emplois créés sur la commune, la crèche ouverte également aux habitants, la participation aux journées du patrimoine… Peut-on dire que la Fondation Mallet joue un rôle relativement important au sein de la commune et du département ?

La coopération est au coeur du projet territorial de la fondation qui fait partie aujourd’hui des plus gros employeurs de la Communauté de Commune du Pays Houdanais. A ce titre, elle se positionne depuis plusieurs années en partenaires des collectivités territoriales.

D’abord pour contribuer à l’offre de soin, primordiale en ruralité. Ensuite pour participer à l’animation et à la dynamique d’un territoire qui nécessite que ses acteurs soient interconnectés. Si la fondation crée des emplois sur la commune, elle a sans doute contribuer à y amener des habitants. Ses salariés sont en effet demandeurs de services, de commerces et de transports.

La CCPH est d’ailleurs partenaire de la micro-crèche qu’elle finance pour partie depuis sa création.

8. Quels sont les projets d’avenir de la Fondation Mallet ?

La Fondation Mallet a entrepris un virage important, ces 10 dernières années, en investissant massivement dans la rénovation de ces établissements et équipements.

Grâce à cette démarche, elle est en adéquation avec les exigences d’une réglementation et des attentes toujours plus complexes, dans l’objectif de mieux répondre aux besoins des personnes en situation de handicap.

Dans cette optique, la Fondation Mallet s’est engagée vers une logique de parcours, en adéquation avec les nouvelles orientations nationales.

Les orientations définies dans le Projet territorial de la Fondation nous amènent à :

– élargir l’offre d’activités sanitaires et médico-sociales ;

– faire évoluer notre accompagnement grâce aux nouvelles technologies ;

– innover dans l’accompagnement du handicap ;

– développer notre attractivité à l’égard des professionnels ;

– créer une identité et une culture commune à tous nos établissements.

9. Avec l’épidémie de covid-19 de cette année 2020, de nombreuses structures, quel que soit leur secteur d’activité, ont dû s’adapter. Quelles sont les dispositions que vous avez dû prendre à la Fondation Mallet ? Cela a-t-il impacté vos activités ?

Cette crise sanitaire a bien entendu impacté nos activités. En effet, nous avons dû, selon les cas, complètement repenser les prises en charge dans les locaux. Cela en créant des parcours dédiés pour les patients et les résidents.

Nous avons également su créer ad hoc des unités de prise en charge des patients touchés par la Covid19, ainsi que des patients extérieurs provenant des hôpitaux proches.

Cela a également engendré un bond en matière d’équipement numérique. Il fallait permettre aux patients de garder le contact avec leurs proches pendant le confinement, et de développer les activités à distance.

La mutualisation entre les établissements a fonctionné à plein pour permettre de renforcer les équipes là où c’était nécessaire et d’équilibrer la charge.

Les établissements médico-sociaux ont bénéficié de la présence permanente de l’équipe médicale. C’est toujours un grand réconfort pour les résidents et leurs proches.

Et nous sommes particulièrement fiers et reconnaissants de ces équipes qui se sont relayées 24h/24 auprès des patients. Ils ont assuré les meilleurs soins possibles dans cette période si particulière. Sans compter les nombreuses inquiétudes pour eux-mêmes.

Il est important également de souligner un point-clé de la gestion de cette crise. Ce qui a fait également une énorme différence, c’est la présence d’une pharmacie au sein de la fondation. La pharmacienne en charge de cette officine “à usage interne” (PUI) a dû gérer les stocks de médicaments et d’EPI pendant toute la durée de la crise – et jusqu’à ce jour !.

Sa gestion rigoureuse a évité toute pénurie complète au plus fort de la crise et les besoins ont été couverts sans discontinuer. Ailleurs, les professionnels ont parfois dû se débrouiller avec du système D.

10. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Comme partout, cette crise a épuisé les professionnels de santé et de proximité. C’est pourquoi nous travaillons actuellement à améliorer la qualité de vie au travail pour les salariés de la fondation. Nous souhaitons leur donner envie de poursuivre leur mission en milieu hospitalier. Certains soignants ont fait le choix d’arrêter ce métier – et de nous rejoindre.

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