Quand on parle de révolutionner la ville, on pense souvent à la technologie ou à l’architecture futuriste. Mais Jean-Bernard Wasselin a choisi une autre voie : il a décidé de verdir nos toits ! Biologiste de formation et jardinier-paysagiste dans l’âme, cet entrepreneur lillois a fondé Un Jardin sur le Toit, une entreprise qui transforme les surfaces bétonnées en oasis urbaines. Découverte !
De la biologie aux toits végétalisés
Jean-Bernard Wasselin n’est résolument pas un jardinier comme les autres ! Avec une formation en biologie, il a toujours été passionné par la nature et son intégration dans les espaces urbains. « Il y a une véritable demande », dit-il. « Les citadins réalisent qu’ils peuvent valoriser des surfaces jusqu’alors inexploitées en les transformant en petits jardins suspendus ». Son parcours atypique a toutefois une vertu : il l’a amené à saisir l’opportunité de redéfinir le concept de jardin en ville. Plutôt que de se limiter aux espaces traditionnels comme les cours ou les balcons, il a décidé d’exploiter un potentiel encore largement sous-utilisé : les toits !
Un Jardin sur le Toit, l’idée qui pousse vers le ciel
C’est ainsi qu’est née Un Jardin sur le Toit, une entreprise spécialisée dans la conception, la réalisation et l’entretien de toitures végétales, de murs végétaux et de jardins de ville. Mais attention, il ne s’agit pas ici de simplement jeter quelques plantes sur un toit… Jean-Bernard Wasselin utilise des techniques innovantes pour créer de véritables écosystèmes en hauteur.
Grâce à ses méthodes, il est possible de planter des arbres, des massifs floraux, voire de créer des potagers sur les toits des habitations. Et si la structure du bâtiment n’est pas assez solide pour supporter le poids supplémentaire, il travaille avec des experts pour renforcer les structures porteuses, car le poids de la terre et des végétaux peut atteindre plusieurs centaines de kilos. « On ne crée pas un jardin sur un toit sans préparation rigoureuse. Chaque projet est unique et demande une étude approfondie », explique Jean-Bernard Wasselin. Vous l’aurez compris, la démarche est loin d’être celle d’un jardinier classique, elle exige des connaissances pointues sur les bâtiments et les plantes.
Extensif ou intensif, deux visions du toit végétal
Dans le monde des toitures végétalisées, il y a deux écoles : la toiture extensive et la toiture intensive. La première est légère, économique et nécessite peu d’entretien, mais offre une biodiversité limitée. « Je ne suis pas un poseur de moquette verte », s’indigne Jean-Bernard Wasselin, qui critique la monotonie des toitures extensives, souvent composées uniquement de sedums. Pour lui, la véritable valeur ajoutée réside dans la toiture intensive, qui permet une diversité végétale riche et un véritable impact écologique.
Les toitures intensives sont aménagées pour accueillir une grande variété de plantes, y compris des arbres de petite taille et des massifs floraux. Elles nécessitent un entretien régulier et un arrosage adapté, mais leur impact sur l’écosystème urbain est nettement supérieur. Ces toits peuvent être fréquentés, offrant un espace de vie en hauteur, et constituent une solution efficace pour réduire les îlots de chaleur en ville.
Le Hang’Art Créatif, un projet emblématique
Exemple marquant du travail de Jean-Bernard Wasselin ? La transformation du toit du Hang’Art Créatif à Lille ! En collaboration avec Laetitia Devigne de l’Université Catholique de Lille, il a créé un jardin suspendu à 24 mètres du sol. On y trouve plus de 125 variétés de plantes, des framboisiers aux menthes, en passant par des plantes médicinales.
Ce toit a été conçu en plusieurs zones, chacune ayant une fonction spécifique. Il y a même un espace dédié aux botanistes qui souhaitent tester différentes variétés de plantes dans des substrats variés. « Plus on attire d’insectes, plus on attire d’oiseaux, et plus on arrive à rééquilibrer l’ensemble », explique-t-il. Des îlots thématiques ont été créés, incluant même une mare pour les oiseaux. Aujourd’hui, ce toit est devenu un espace de détente et d’étude pour les étudiants, un véritable havre de paix au cœur de la ville !
Un impact environnemental significatif
Non, les toitures végétalisées ne sont pas qu’esthétiques. Elles offrent une isolation thermique naturelle, réduisent les îlots de chaleur urbains, améliorent la qualité de l’air et prolongent la durée de vie des toitures. « 10 cm de substrat permettent de gagner 1°C de climatisation », souligne Jean-Bernard Wasselin. Dans un contexte où le bâtiment représente 17 % des émissions de gaz à effet de serre en France, l’enjeu est de taille.
Outre les économies d’énergie, ces toitures permettent aussi de retenir les eaux pluviales, limitant ainsi les risques d’inondations et réduisant la charge sur les infrastructures de gestion des eaux. En filtrant l’eau qui ruisselle, elles contribuent également à la dépollution des milieux aquatiques.
Un mouvement en pleine croissance
Les municipalités commencent à encourager ces initiatives. La ville de Lille propose des aides à la végétalisation des toitures depuis 2010. Mais pour Jean-Bernard, il faut aller plus loin. « La ville doit d’abord montrer l’exemple sur ses propres bâtiments. Pourquoi ne pas commencer par les écoles ? » Il est convaincu que cette démarche pourrait être étendue à d’autres types de bâtiments publics, comme les hôpitaux ou les bibliothèques, pour offrir aux citoyens des espaces verts facilement accessibles.
En parallèle, le modèle de la franchise se développe dans le secteur des aménagements extérieurs. Des entreprises comme Daniel Moquet ont réussi à fédérer des franchisés autour d’une même vision du paysage urbain. Les avis positifs de ces franchisés témoignent de l’engouement pour ce type de projets et de leur succès sur le terrain.
L’avenir est sur les toits
En regardant les toits plats et semi-plats de la ville, Jean-Bernard Wasselin voit un potentiel immense. « Où est le vert dans tout ça ? », se demande-t-il. À l’échelle urbaine, ces surfaces représentent trois fois la superficie des espaces verts actuels. En les végétalisant, on pourrait améliorer la qualité de vie des citadins tout en ayant un impact positif sur l’environnement.
Pour Jean-Bernard Wasselin, l’avenir des villes passe par le retour de la nature au cœur de l’urbain. Et si cela doit se faire en grimpant sur les toits, alors autant prendre de la hauteur dès maintenant !