1. Parlez-nous un peu de vos débuts, de votre passion pour la robotique : comment votre exposition précoce à la mécanique et à la technologie a-t-elle influencé votre trajectoire professionnelle dans le domaine de la robotique ?
JJ Topalian : Ma passion de la robotique commence vraiment jeune, à l’âge de 8 ans, je regardais Goldorak, c’était mon dessin animé préféré. Quelques années plus tard, il y eut Transformers, des robots voitures qui se transforment : j’ai adoré.
Dès l’âge de 10 ans, je savais que je voulais créer des robots.
La robotique est vraiment ma passion, c’est pour cela que je n’ai jamais l’impression de travailler.
Je peux regarder un film, tout en ayant mon ordinateur portable sur les genoux et dessiner, innover, trouver des solutions techniques, comprendre les besoins en robotique, comprendre les métiers qui sont difficiles et dangereux, leur trouver des solutions robotiques.
2. Pouvez-vous nous parler de vos premiers projets en tant qu’ingénieur en robotique et des défis que vous avez rencontrés à vos débuts ?
Jean Jacques Topalian, ingénieur : Mon premier projet fut un robot pour la photographie animalière.
Au départ, le client avait des voitures électriques, entièrement bricolées ( avec du bois, du plastique,.. ). Il vient me voir et me demande de réparer et de faire évoluer ces voitures.
Là, je lui dis : “une fois que je mets les mains dedans, j’en prends la responsabilité” ; et honnêtement, rien n’était fait correctement, il fallait tout reprendre.
Je lui ai donc conseiller de repartir de zéro et de reconstruire de nouveaux robots.
Il m’a fait confiance, j’ai d’abord livré 2 robots pour l’Afrique puis 4 autres.
Je suis ensuite parti en Afrique former les opérateurs/photographes, et on est parti faire un safari avec mes robots : c’était juste un moment incroyable !
3. Avec plus de 40 brevets déposés à votre actif, quelles sont les inventions dont vous êtes le plus fier et pourquoi ?
Jean Jacques Topalian, inventeur : J’en suis à 45 brevets exactement et j’en ai encore une vingtaine à déposer. J’ai déposé des brevets dans le milieu de la sécurité incendie, militaire, nucléaire, spatial, énergie, déminage,……..
Le brevet dont je suis le plus fier est le GAD2V, Générateur Aqua Dynamic à Volumes Variables : c’est un générateur d’énergie, qui grâce à la poussée d’Archimède fait monter et descendre des ballasts.
Les ballasts sont fixés à une chaîne, et à chaque mouvement de translation, on développe un mouvement rotatif qui fait tourner des génératrices.
4. Quelle a été l’inspiration derrière la création de Sfynx Industry, et comment envisagez-vous l’avenir de la dépollution sous-marine grâce à la robotique ?
Mr Topalian, gérant de Sfynx Industry : Tout d’abord, je me donne des challenges, je n’aime pas copier sur la concurrence, et surtout je veux créer des robots qui ne remplacent pas l’homme, mais qui vont l’aider à accomplir des missions difficiles, voire impossible pour l’homme.
Avec toute cette pollution marine, il faut vraiment agir et trouver des solutions et Sfynx Industry est là pour en proposer.
Après quelques semaines de recherche, je me suis aperçu qu’il y avait pas mal d’acteurs dans la dépollution de surface, je me suis donc intéressé aux profondeurs.
Dans cette optique, je travaille sur des robots sous-marins, qui permettent facilement de descendre à des profondeurs jusqu’à 500 mètres, et de ramasser les déchets.
5. Dans le même ordre d’idées, quels sont les défis auxquels vous êtes confronté dans votre nouvelle entreprise de contrôle de la pollution sous-marine ?
Jean Jacques Topalian : La pression sous l’eau est une difficulté majeure.
Attention, je ne crée pas des solutions militaires, avec des budgets importants.
Je conçois des sous-marins et robots, avec des budgets très compétitifs.
Je n’utilise pas de titane, de carbone, ou d’autres matériaux trop chers.
Je dois donc bien calculer, faire des essais.
C’est pour cela que nous allons descendre en profondeur tout doucement. Nous allons commencer à 50 mètres de profondeur, une fois validé, nous descendrons à 100 mètres, ainsi de suite.
Une des grandes difficultés est la vision : sous l’eau, et à des profondeurs importantes, il n’y a pas trop de vision.
Je travaille donc avec des capteurs types sonar, à faibles coûts.
6. Quel a été le projet le plus difficile sur lequel vous avez travaillé, et comment avez-vous surmonté les obstacles rencontrés ?
Topalian Jean-Jacques : Le projet le plus complexe était de concevoir un robot ATEX (NDLR : Atmosphère Explosive), qui soit capable d’évoluer dans des zones avec du gaz ( plateforme pétrolière par exemple).
Nous avions à la fois des moteurs en double encapsulage air/huile, des batteries avec un châssis antidéflagrant et en bain d’huile, avec des niveaux de sécurité à plusieurs étages.
Nous nous sommes rapprochés d’experts en zone Atex, nous avons effectué des essais.
7. Comment avez-vous ressenti votre reconnaissance par le gouvernement français et la rencontre avec le Président François Hollande ? Ça a dû être un moment spécial pour vous…
Mr Topalian : Le jour où j’ai reçu l’invitation, je n’y croyais pas, j’étais vraiment très honoré.
Déjeuner à l’Elysée avec le Président de la République, lui parler de mon entreprise de robotique, lui présenter nos robots, était pour moi un moment de reconnaissance, de fierté, j’étais vraiment heureux. On a échangé sur les difficultés des aides pour les entreprises innovantes en France.
Quelques mois plus tard, il m’a invité à ses vœux, toujours à l’Elysée.
8. Comment voyez-vous l’évolution de la robotique dans les prochaines décennies, et quels sont les domaines qui, selon vous, bénéficieront le plus de ces avancées ?
Jean-Jacques Topalian : Il est sûr que la robotique prendra une place encore plus importante les prochaines années.
Il y a 10 ans de cela, quand j’ai commencé à développer les premiers robots pompiers en France, je n’ai pas été bien reçu par les pompiers : ils me disaient “il va nous piquer notre boulot celui-là !”.
Cela m’a vexé, car je travaillais sans relâche pour les aider, les éloigner des risques, que le robot soit juste un outil piloté par le pompier, qui puisse prendre les risques à sa place !
J’ai ensuite rencontré les Pompiers de Paris, que je remercie encore, et avec qui on a revu le robot, sa définition, ses capacités, ses options,……. Aujourd’hui ils ont 5/6 robots qui interviennent 10 fois par jour en France !
Les pompiers ne pourront plus se passer de ces robots : dans les feux de parking, des feux avec du gaz et risque d’explosion, des feux avec prise d’otages, des feux industriels où le bâtiment peut s’effondrer à tout moment : on envoie le robot !
La nouvelle génération arrive, ce sont des Geeks, passionnés de l’informatique, de drones ! ces jeunes là, préféreront piloter des robots à distance que d’aller faire de la manutention, d’intervenir dans des souterrains, de nettoyer des panneaux solaires, de monder sur des toits, ……
9. Compte tenu de votre collaboration avec Boston Dynamics et de votre reconnaissance par le gouvernement français, comment vos innovations pourraient-elles façonner l’avenir de la robotique à l’échelle mondiale ?
Jean Jacques Topalian, inventeur prolifique : Mon générateur peut apporter beaucoup, car il produit l’équivalent de 50 panneaux photovoltaïques, mais avec un coût 10 fois inférieur !
Avec mes différentes solutions pour nettoyer les toits en amiantes, les coques de navires, ramasser les déchets sous-marins… je pense pouvoir créer de nouveaux emplois et donner des outils pour faciliter les tâches difficiles et dangereuses.
10. Quels conseils donneriez-vous à de jeunes ingénieurs ou inventeurs qui aspirent à suivre une carrière similaire à la vôtre ?
Jean Jacques Topalian : Vivez de votre passion, osez, créer, innover ! Tout est possible, mais il faut travailler, sans compter.
Une fois que vous avez l’idée, il faut se lancer. C’est grâce aux projets que l’on trouve de l’argent et pas l’inverse. Le potentiel de la robotique est illimité.
Pour en savoir plus : https://about.me/jean-jacques-topalian et https://www.facebook.com/jeanjacques.topalian/
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