« Améliorer l’efficacité des systèmes de contrôle de la pollution marine », c’est la (grande) mission que s’est donnée V20 Marine, une startup marseillaise spécialisée dans la dépollution des océans, créée en 2021 par l’ingénieur en architecture navale Rémi Allain. Pour y arriver, l’entreprise compte sur son système de grande voile flottante tractée par bateau, conçu pour maximiser la capture de tous les déchets flottants en les rassemblant dans une bande étroite. Cap sur V20 Marine !

MPS (Marine Pollution Système) : la solution « made in » V20 Marine

Les prévisions de la communauté scientifique donnent matière à réfléchir : à moins de prendre des mesures drastiques à l’horizon 2050, « il y aura plus de déchets que de poissons dans l’océan » ! Certes, il existe bel et bien des lois et réglementations limitant l’usage du plastique, mais selon l’ONU, la pollution marine persiste, avec plus de 10 millions de tonnes de plastique déversées chaque année dans nos océans.

C’est face à ce constat alarmant que Rémi Allain, ingénieur en architecture navale, a fondé la startup V2O Marine en 2021. Témoin de première main de la pollution marine dans les chantiers navals et les bureaux d’études, ce Nantais installé à Marseille depuis plus d’une décennie a élaboré le système MPS, pour « Marine Pollution Système ». Dans le détail, le MPS est un large entonnoir conçu pour assister les navires dédiés à la lutte contre la pollution qui naviguent en mer Méditerranée, identifiée par le WWF comme l’une des zones marines les plus polluées du monde en termes de microparticules. Ce n’est pas tout à fait la même technologie que les robots de Sphinx Industry conçus par Jean Jacques Topalian mais la finalité est la même : dépolluer les eaux.

Création du MPS 11 en 2023

« Des bateaux existent pour récupérer les plastiques, mais comment les rendre plus efficaces ? », c’est la question que s’est posée Rémi Allain, dès 2020. En réponse, il imagine un mécanisme hydrodynamique unique, une sorte de grande voile remorquée par un bateau, créée pour rassembler les déchets flottants en un seul point afin d’optimiser leur collecte. 2023 a vu l’émergence du premier modèle de ce système innovant, baptisé MPS 11. Fabriqué en France, ce dispositif mesure 15 mètres de long et 11 de large. Il a été mis à l’épreuve en Méditerranée, avec le soutien des équipes du port de Marseille Fos.

Pour tester l’efficacité du système, Rémi a utilisé des balles de riz en guise de faux déchets, qu’il a obtenues en Camargue. Les résultats étaient au rendez-vous. Avec sa conception hydrodynamique, le navire remorquant le MPS 11 peut atteindre une vitesse de 4 nœuds, soit environ 7,5 km/h, lorsque le dispositif est déployé. En position repliée, lorsque le navire se dirige vers une zone à nettoyer ou retourne de mission, la vitesse peut monter jusqu’à 8 nœuds (15 km/h). Rémi Allain, enthousiaste, explique à ce propos : « Grâce à la forme hydrodynamique, les efforts de traction sont relativement faibles. On cherche à inverser l’effet parachute, qui est fait pour ralentir. Le MPS est conçu pour accélérer ». Autre gros avantage de cette conception hydrodynamique du dispositif : elle permet de réduire la consommation de carburant du navire qui le remorque.

Innovation et ambition

Vous l’aurez compris, la technologie mise au point par V20 Marine accroît considérablement l’efficacité de la dépollution marine. En effet, grâce au système MPS 11, un navire de dépollution peut couvrir une zone étendue de 12 km². Autrement dit, il est en mesure de nettoyer une zone deux fois et demie plus grande qu’avec quatre navires traditionnels, qui plus est plus rapidement ! Au-delà de la rapidité d’exécution, ce système hydrodynamique brille aussi par sa polyvalence. Dans le détail, il peut récupérer une grande variété de polluants de surface, qu’il s’agisse d’hydrocarbures, de déchets chimiques, d’algues toxiques, de micro-plastiques ou encore de macro-déchets. « Le dispositif peut collecter tout ce qui flotte et pourrait même être déployé en cas de marée noire », assure Rémi Allain.

L’ingénieur français ne compte pas se reposer sur ses lauriers pour autant… Aujourd’hui, V20 Marine envisage déjà l’avenir, avec l’ambition de développer des dispositifs adaptés à divers types de navires. Son système le plus grand, le MPS60, aurait une largeur maximale de 60 mètres. A l’heure actuelle, la startup travaille sur la fabrication de son deuxième dispositif, le MPS 30. Objectif annoncé : proposer des solutions à la pointe de l’innovation, susceptibles d’intéresser différents types de clients, notamment les ports et les collectivités désireuses de réduire les déchets et les algues toxiques dans leurs eaux, ou encore les sociétés pétrolières pour les hydrocarbures.

Rémi Allain, porté par un élan de créativité et d’optimisme, envisage même un système autonome tracté par drone. Pour l’heure, l’entreprise reste concentrée sur la commercialisation de ses dispositifs actuels, avec une première phase de déploiement sur le territoire local, récemment désigné Capitale européenne de l’innovation.

Qui est Rémi Allain ?

Aujourd’hui à la tête de V20 Marine, Rémi Allain a intégré l’ENSTA Bretagne après des études en classes préparatoires scientifiques à Nantes. Il en sort avec un diplôme d’ingénieur spécialisé en architecture navale, hydrodynamique et offshore en 2011. Son stage de fin d’études, Rémi le fera à Arcachon, sous l’aile de Yves Parlier, navigateur réputé pour son savoir-faire dans la traction de navires par des voiles de kitesurf (Beyond the Sea®) : « Je suis marqué et inspiré par les histoires incroyables qu’il me raconte, et par son formidable parcours d’entrepreneur », confie Rémi Allain en parlant de Parlier.

Plus tard, le fondateur de V20 Marine se lance dans une carrière d’architecte naval dans le secteur de la construction navale. Il a alors l’opportunité de voyager un peu partout sur la planète, de l’Océan Indien à Brighton au Royaume-Uni, pour s’installer finalement à La Ciotat. Durant huit années, il y travaillera d’abord au sein du bureau d’études Principia, puis participe à l’essor des chantiers navals de la ville en collaborant avec Monaco Marine et MB92. Il assiste, non sans admiration, à la renaissance de ces sites historiques. Le déclic écologique de Rémi Allain ? Il aura lieu en 2020, après s’être installé à Marseille, où il se rend compte que la Méditerranée est la mer la plus polluée du monde. C’est pour participer à la résolution de ce problème qu’il crée V20 Marine…