Ronit Elkabetz : retour sur son parcours, ses convictions et sa vie privée

La défunte Ronit Elkabetz était sans conteste la figure centrale du cinéma israélien du début du troisième millénaire. Elle est aussi connue pour son engagement politique et son activisme social, tous deux liés intimement à son parcours professionnel. Voici la biographie d’une femme aux multiples facettes !

Ses origines et ses débuts en tant qu’actrice

Ronit Elkabetz voit le jour le 27 novembre 1964 dans la ville de Beer-Sheva, dans le sud d’Israël. Elle est issue d’une famille modeste originaire du Maroc qui vient tout juste d’y émigrer. Elle a trois frères et décide de suivre des études de stylisme en grandissant.

Elle évolue alors en tant que mannequin jusqu’à ses 25 ans. Par la suite, elle découvre l’univers du cinéma complètement par hasard. En effet, elle décide d’effectuer un casting en pensant jouer pour faire de la publicité. Cependant, elle obtient directement le rôle principal pour le film franco-israélien intitulé Le Prédestiné qui a été tourné en 1990.

Son talent naturel, car n’ayant suivi aucune formation dans le domaine, force l’admiration. A noter que la jeune femme avouera plus tard avoir eu une révélation à ce moment sur la voie qu’elle devait entreprendre. Très rapidement, l’actrice se forge une notoriété dans le monde du 7ᵉ art israélien.

Dans son parcours, elle se distingue notamment par sa forte personnalité. Celle-ci est connue pour sa grande exigence et son introspection. Des traits qui lui permettent de jouer des rôles particulièrement complexes, empreints de rébellion ou sujets à des tabous. La réalité prévalant au sein de la société israélienne se prête parfaitement à de tels personnages. Il est bon d’ailleurs de noter qu’elle n’hésite pas à relater le statut des femmes dans son pays.

l'actrice Ronit Elkabetz

Un bref succès, puis une légère pause inattendue

Le film qui a réellement fait connaître Ronit Elkabetz en Europe est La Cicatrice, réalisé par Haïm Bouzaglo qui est sorti en 1994. La même année, elle fait encore parler d’elle pour sa participation à la production du film-évènement Sh’chur. Ce dernier essaie de replacer les juifs séfarades dans la société. Un thème qui est en lien direct avec ses origines, ses parents étant tous deux issus de cette communauté.

Ronit Elkabetz y parvient à exprimer parfaitement le mal-être des juifs dits de “deuxième génération” qui sont nés sur le territoire israélien. Ceux-ci étant partagés entre leur culture originale, celle de leur pays d’accueil et la vague de modernisation venue d’Occident.

Progressivement, l’actrice étend ses activités, que ce soit au cinéma, au théâtre ou pour le petit écran. Malgré son succès, celle-ci décide subitement de quitter Israël pour venir vivre à Paris. Repartant de rien, dans un pays où elle n’est pas connue et lésée par la barrière de la langue, elle vit quelques années sans véritablement percer.

Elle décide alors de reprendre la route pour Israël au début des années 2000. À son retour, le pays voit émerger un nouveau type de productions cinématographiques. Le ton est axé sur la politique, le social et le féminisme. L’arrivée des femmes réalisatrices figure d’ailleurs comme l’un des facteurs de cette révolution.

film La Cicatrice 1994

Son accession au rang de star internationale

Ainsi, ce contexte plus engagé est idéal pour celle qui représentera l’engagement à tous ces niveaux, et cela, sur la scène internationale via le cinéma. Ronit Elkabetz reçoit les éloges de ses pairs dès l’année 2000 avec la sortie de Mariage tardif. Les films se succèdent et l’actrice part vivre à Jaffa où se mêlent juifs et arabes.

En 2006, le film La visite de la fanfare connaît un immense succès et lui ouvre finalement l’accès au cinéma français. En 2008, elle figure dans le film La fille du RER d’André Téchiné et dans Cendres et sang, premier long-métrage de Fanny Ardant.

Il faut également savoir que l’actrice s’est associée à son frère cadet Shlomi Elkabetz pour l’écriture et la réalisation de trois films. Il s’agit plus précisément d’une trilogie basée sur l’histoire de leurs parents et de leur famille en général. Les récits révèlent, entre autres, l’éducation dépassée qu’ils ont reçue.

Le projet débute en 2004, mais en 2016, alors que la trilogie s’achève, Ronit Elkabetz meurt des suites d’un cancer du poumon à l’âge de 51 ans. La cinéaste et actrice a déjà été mariée une première fois avant de divorcer et de se remarier en 2010. Il s’agit de l’année à laquelle elle se marie avec l’architecte Avner Yashar. Le couple donne naissance à des jumeaux en 2012.

Ronit Elkabetz et Avner Yashar

Un film sorti en la mémoire de Ronit Elkabetz

L’année dernière, le Musée d’Art de Tel Aviv accueillait les spectateurs pour la première du film Je t’aime Ronit Elkabetz. C’est un documentaire réalisé par Moran Ifergan et qui est destiné à rendre hommage à cette icône.

Le film qui dure 70 min porte en fait le nom d’une exposition de vêtements de la réalisatrice et actrice israélienne datant de 2017. Les images relatent des extraits de cette dite exposition, ainsi que des passages de ses films. Cela inclut aussi ses entrevues avec ses proches.

Le documentaire évoque ainsi une description très touchante de Ronit Elkabetz par rapport à un style de vie singulier. Il en est de même de son amour pour la mode.

Les seuls points manquants dans ce film sont les faits relatifs à sa maladie et à sa mort. Son frère Shlomi est omniprésent, mais n’évoque quasiment rien sur sa sœur. La réalisatrice du documentaire a avancé des explications, signifiant que le public israélien connaissait ces éléments en détail.

Pour résumer sa carrière, Ronit Elkabetz a été nommée à 13 Ophir, équivalents des Oscars israéliens. Cette dernière a également reçu un prix provenant de l’Académie du film israélienne pour sa contribution. Au niveau international, une dizaine de prix sont à attribuer à son actif lors des divers festivals de cinéma.

En 2010, elle a par exemple remporté le fameux prix France Culture lors du Festival de Cannes. La nation française lui décerne même la Légion d’honneur. Enfin, Ronit Elkabetz s’est fait connaître pour sa position en faveur du cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Pour rappel, elle et d’autres personnalités ont signé une pétition en faveur de cette cause durant son vivant.

0 commentaires

Soumettre un commentaire