Editis, le numéro deux du marché français de l’édition derrière Hachette, est la filiale médias de la famille Bolloré, qui possède les maisons d’édition Julliard, Robert Laffont ou encore Plon. Vivendi a déterminé la date limite pour le dépôt des propositions de rachats à vendredi dernier. La valorisation demandée avoisinerait les 700 millions d’euros (dont 200 millions de dette). Marc Ladreit de Lacharrière (Fimalac) ou encore Daniel Kretinsky (CMI) seraient intéressés.
Vers une vente totale du capital ?
Petit retour en arrière. Editis avait dégagé en 2021 un revenu de 856 millions d’euros, une croissance de 18,1 % en un an. Toutefois, la firme a ensuite enregistré un recul de de 7,4 % au cours des premiers mois de l’année 2022. Malgré tout, l’excédent brut d’exploitation d’Editis approche les 50 millions d’euros avec un cash flow réel de près de 35 millions.
Si le groupe semble privilégier une opération de distribution d’Editis aux actionnaires de Vivendi suivie d’une cotation en Bourse, d’autres alternatives seraient envisagées, comme la vente totale du capital d’Editis, une option qui aurait selon certaines sources les faveurs de la Commission Européenne : « Bruxelles ne souhaite pas que ce montage de distribution cotation crée un précédent. Sans compter que cela risque de décourager des repreneurs s’inquiétant de n’avoir la main que sur 29,5 % du capital. Le scénario qui a la préférence de Bruxelles serait la reprise à 100 % d’Editis par un industriel du livre non français et d’envergure européenne ».
De grands noms se positionnent pour la reprise d’Editis
L’opération est particulièrement complexe, d’autant qu’elle est étudiée de près par les autorités antitrust de la Commission européenne. Il est à noter à ce sujet que si le groupe de Vincent Bolloré désire aller vite pour intégrer Hachette, il ne souhaite pas que la reprise d’Editis soit réalisée par un acteur de l’édition trop puissant, de sorte ) ce que Hachette ne se retrouve pas face à un rival trop féroce sur le marché français.
Plusieurs noms commencent à circuler, comme Marc Ladreit de Lacharrière, Daniel Kretinsky, l’éditeur suédois Bonnier, l’allemand Bertelsmann ou l’italien Mondadori. Selon Jean-Clément Texier de la Compagnie Financière de Communication), « Daniel Kretinsky (CMI) et Marc Ladreit de Lacharrière (Fimalac) ont une vraie motivation pour mettre la main sur Editis. Pour leurs groupes, cela s’inscrirait dans une cohérence stratégique. Pour CMI, cela lui permettrait d’élargir ses activités presse (« Elle », « Marianne », etc.), en France et pour Fimalac, il pourrait y avoir un rapprochement intelligent à imaginer avec Webedia pour créer un poids lourd français des contenus. Ce sont deux groupes qui ont plutôt tendance à acheter à la baisse et à ne pas surpayer. Mais Editis est une belle affaire et une occasion rare, d’autant plus que Vincent Bolloré a tout intérêt à aller vite dans ce dossier ».