Transfair 2024 : transmettre son entreprise, une histoire de cœur avant tout

22 novembre 2024

La CCI Paris Île-de-France vient d’accueillir un événement pour le moins spécial… La 10e édition du salon Transfair, rendez-vous incontournable chapeauté par le président de la CCI Dominique Restino, met en avant un aspect méconnu mais fondamental de la transmission d’entreprise : ce n’est pas qu’un acte juridique ou financier. Comme l’aime à le rappeler M. Restino, c’est « une affaire sentimentale avant tout », doublée d’un enjeu économique majeur !

Un enjeu économique colossal

La transmission d’entreprise, ce n’est pas qu’une histoire de chiffres, c’est aussi un levier clé pour préserver l’économie francilienne… la preuve en chiffres : avec plus de 132 000 entreprises de moins de 50 salariés dirigées par des patrons de plus de 55 ans, le défi est immense. Si ces sociétés ne trouvent pas repreneur, ce sont 84 000 emplois qui pourraient disparaître, laissant derrière eux un vide dans le tissu économique régional.

La ministre déléguée aux Petites et Moyennes Entreprises, Olivia Grégoire, l’avait déjà martelé lors de l’édition précédente : « Entre 350 000 et 700 000 entreprises sont à céder en France. Un enjeu énorme lié à notre pyramide des âges ». Or, le problème est bien connu : six repreneurs pour un cédant. Autrement dit, l’offre dépasse largement la demande, d’où l’importance de l’accompagnement des chefs d’entreprise dans cette étape souvent délicate.

L’entreprise, un « enfant HPI »

Parmi les moments forts de la journée, l’intervention de Virginie Roitman, présidente de l’Ordre des experts-comptables d’Île-de-France, a marqué les esprits. Avec humour, elle a comparé une entreprise à « un enfant HPI » pour son dirigeant : un lien émotionnel fort, souvent complexe, qui peut devenir un frein lors de la cession.

Camille Boivin, président de la Compagnie régionale des commissaires aux comptes de Paris, a renchéri avec une image parlante : « La mariée ne doit pas être maquillée, mais elle doit être magnifique ». Une manière élégante de rappeler que l’évaluation et la présentation de l’entreprise doivent être sincères et transparentes, sans en masquer les éventuelles fragilités.

Pour Dominique Restino, céder une entreprise est presque un acte héroïque : « Quand on a passé sa vie à bâtir son entreprise, la transmettre, c’est comme confier son histoire de vie. C’est un acte fort, qui demande du courage et une vision ».

L’importance de bien s’entourer

Vous le savez sans doute, la transmission d’une entreprise ne s’improvise pas. Comme l’explique Daici international, l’assurance d’un chiffre d’affaire et d’un résultat connus à l’avance, ainsi que le fonctionnement d’une machine bien rodée et d’un personnel formé et stable rassurent les investisseurs. Cependant plus le lien affectif est fort, plus il est essentiel de faire appel à des experts. « Ne vous dites pas que vous connaissez tout sur votre entreprise et que vous n’avez besoin de personne », prévient Virginie Roitman. Pour sa part, Camille Boivin insiste également sur la préparation en amont : « L’anticipation est cruciale, tout comme une vision réaliste des chiffres et des enjeux ». Amaury Sonnet, avocat au barreau de Paris, rappelle que la fiscalité française offre des dispositifs très avantageux, comme le Pacte Dutreil, et qu’avec un taux de 30 %, la fiscalité hexagonale figure parmi les plus attractives en Europe pour les cédants.

Pour les repreneurs, c’est une toute autre histoire… Ils doivent être prêts à investir lourdement, avec un apport personnel conséquent, représentant environ 30 % du prix de cession. « C’est une preuve de foi dans le projet », explique Virginie Roitman.

Gérer les risques, une priorité

Transférer une entreprise, c’est aussi prendre en compte une multitude de risques, qu’ils soient économiques, juridiques ou même personnels. Sophie Thibert-Belaman, notaire du Grand Paris, alerte sur des enjeux parfois négligés, comme la cybersécurité, la RSE ou la compliance. Du côté des repreneurs, il faut aussi être vigilant sur les risques liés à la sphère privée : divorce, incapacité, ou encore décès. « Ces risques, souvent en germe, peuvent rapidement devenir des obstacles majeurs si on ne les anticipe pas », souligne-t-elle.