Interview de Grégory Lassus-Debat, fondateur et président du magazine “Causette”.

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Le lundi 8 mars 2009 sortait le premier numéro de Causette, début d’une longue aventure mené par ses créateurs Gregory Lassus-Debat et Gilles Bonjour.

Aujourd’hui, Grégory,  patron de ce magazine incontournable de la presse féminine française répond à mes questions et nous livre quelques uns de ces projets.

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  1. Quel est ton parcours Grégory ?

Gregory Lassus-Debat : J’ai réalisé tardivement, lors de ma première année de fac, que le journalisme était le métier à la convergence de mon intérêt pour la politique, l’actualité, et l’écriture. J’ai alors décidé de créer ma propre formation journalistique en mêlant l’Histoire et l’Anthropologie sociale, l’enquête terrain, tout en devenant pigiste pour plusieurs titres (L’Humanité, Télérama, Charlie Hebdo). Je souhaitais enquêter sur des terrains difficiles comme l’extrême droite, des sectes etc.

  1. Comment passe t-on de ses études d’histoire et d’anthropologie sociale à la création d’un magazine tel que “Causette”?

Gregory Lassus-Debat : En 2008, c’est apparu comme une évidence, à partir d’une blague. J’avais créé une couverture de magazine féminin à partir d’une photo de ma petite amie, en y ajoutant des titres de Une plus du genre de Charlie hebdo que de Biba. Ca donnait un magazine drôle et décalé qui s’adressait aux femmes en tant que telles, c’est-à-dire en tant qu’être humains doués d’intelligence plutôt que comme de simple consommatrices écervelées. L’anthropologie sociale m’a appris à déconstruire les clichés, et le monde de la presse féminine n’en manque pas…

  1. Alors que tous les journaux “papier” se mettent à la version web, pourquoi avoir fait le choix du papier ?

Gregory Lassus-Debat : Je pense que l’avenir est au combo papier/numérique. Le papier, c’est le toucher, l’odeur, l’objet, et la meilleure technologie numérique ne remplacera jamais ce côté sensuel, vivant, présent dans l’espace. Parallèlement, si l’avenir est incontestablement au numérique, je crois qu’il faut construire des univers complets dont les différentes planètes (numérique, papier, présentiel, évènementiel, interactivités) communiquent et renvoient les unes aux autres en permanence. Il ne s’agit pas de faire le choix de tout l’un ou tout l’autre car ces planètes s’enrichissent mutuellement et se complètent.

  1. Sans trop en dévoiler, il y a t-il des nouveautés prévues pour “Causette” dans les mois à venir ?

Gregory Lassus-Debat : Oui, nous allons lancer plus de publications, nous développons en ce moment un festival Causette à Bordeaux, nous allons créer des évènements autour des élections de 2017 et notre réseau social, qui réalise un très bon lancement, n’a pas fini de proposer de nouvelles fonctionnalités. Par ailleurs, notre société de production, “Causette Prod”, développe une dizaine de projets de documentaires, de reportages et de formats courts… Ca n’est pas le travail qui manque !

  1. Après une belle aventure comme “Causette”, avez-vous encore des rêves d’entrepreneur ? Des nouveaux projets dans les cartons ?

Gregory Lassus-Debat : Oui bien sûr, mais d’abord dans l’univers de “Causette”, qui est, je crois, un ensemble varié et cohérent. Ce ne sont pas les idées qui manquent, le plus dur est toujours de trouver les fonds pour investir dans de nouveaux projets. Je ne peux pas m’empêcher de développer de nouveaux projets, et l’équipe de “Causette” déborde d’idées. En fait, je crois que nous ne sommes pas prêts de nous arrêter…

  1. La réussite de “Causette”, rend-elle plus fort l’entrepreneur que vous êtes, avez-vous plus de certitudes “métiers” ?

Gregory Lassus-Debat : Je pense que l’échec rend plus fort que le succès. Les premières années, même si c’était énormément de travail, il ne se passait pas un jour sans que nous ayons une bonne nouvelle. Le journal était porté par un public qui se découvrait lui-même, c’était fabuleux. Mais nous avons connu deux gros crashes, l’un humain, l’autre financier, et nous avons su nous en relever. Ce fut très difficile, incertain et usant, mais au final, cela m’a permis de comprendre beaucoup de choses que je n’aurais pu connaître autrement qu’en les affrontant, en les prenant en pleine poire, en fait. Beaucoup s’intéressent, avec raison, à la problématique du rebond après l’échec. Etre entrepreneur c’est avant tout se mouiller jusqu’au cou, se donner à 200% pour une idée en laquelle on croit. Et je ne crois que l’on peut savoir si l’on est ou non un bon entrepreneur avant d’avoir connu l’échec…

  1. Entreprendre, c’est aussi créer des emplois. Jeune dirigeant, étiez-vous préparer à gérer du personnel ?

Gregory Lassus-Debat : Pas du tout ! Plein de rêves et de naïveté, d’orgueil aussi, j’ai carrément cru que j’allais inventer un nouveau modèle d’entreprise… Quasiment sans hiérarchie, avec très peu de règles, où la vie d’entreprise devait être une grande fête, où l’on pouvait tous se comporter plus comme une bande de potes que comme une boîte. Ca marche quand tout va bien, mais à la moindre secousse, ça explose en vol. J’ai découvert que l’humain était, de loin, ce qu’il y a de plus difficile à gérer en entreprise, et que si c’est mal fait, les conséquences peuvent être graves. Mais cela reste une expérience formidable.

 

Merci Grégory.

 

 

 

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